vendredi 23 avril 2010

La chronique de Don Quichotte (I)



Lire ou ne pas lire, telle n'est pas la question

Ah! Sancho, si tu étais à mes côtés, en ce moment, tu te demanderais qui est le plus fou des deux: ton vieux maître ou le monde. Je sais que je ferais mieux de me taire, puisque on me croit mort; d'ailleurs ne célèbre-t-on pas, aujourd'hui, les trois cent nonante-quatre ans de l'enterrement de mon créateur? Oui, le vieux Cervantes mourut le 22 avril 1616, et fut enterré le 23. Je m'en souviens comme si c'était hier. Chose étrange, quelqu'un eut, depuis, la brillante idée de faire de cette date la Journée mondiale du livre. Entends-tu, Sancho? Du livre. C'était bien commode. Notre pauvre Miguel mort depuis tant d'années, on évitait ainsi de lui demander son avis. Personne ne se doutait, sans doute, que je serais encore là, moi, pour pourfendre l'injustice, redresser les torts, et décontenancer les falots de quelque rodomontade bien sentie.
Sache, Sancho, qu'il n'est en ce monde chose plus étrange que de décréter Journée mondiale du livre celle qui vit disparaître mon – que dis-je, notre – créateur six pieds sous terre. Le livre, un enterrement? Le livre n'est pas une mort, et il n'est pas un seul jour. Regarde autour de toi, Sancho! Voilà les peuples d'Europe cloués au sol une semaine durant. Ils pestent, s'entassent, se résignent ou trépignent, s'avachissent sur des valises. Ils sortent scruter le ciel: rien. De l'azur à perte de vue. Ils croient voir des cendres, ce n'est que de la brume. Une légère brise, qui leur semble murmurer ce nom: Eyjafjallajökull...
Sancho, as-tu jamais entendu nom plus livresque? Histoire plus chevaleresque? Décidément, tu as raison, je dois etre fou à lier. Qu'on m'attache, alors, car j'ai beau plisser des yeux: tout ce que touche mon regard est à lire...


Alonso Quijano, connu également sous le nom de Don Quichotte de la Manche, est un auteur indépendant. Il prendra régulièrement la plume sur le blog du Passe-Muraille.

A ne pas manquer:: le numéro 82 du Passe-Muraille, prévu pour la fin mai, sera entièrement dédié à la lecture.

Pierre Michon à la BCU



La bibliothèque idéale de l'auteur des Vies minuscules

Comptant au nombre des plus fins prosateurs en langue française du moment, Pierre Michon sera de passage en nos murs vendredi soir, invité de la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) qui fête, par la même occasion, la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. En outre, c’est dans le cadre du cycle (cette expression, le « cadre du cycle », devrait ravir Michon !) consacré à la Bibliothèque idéale que l’auteur des fameuses Vies minuscules évoquera la sienne, après Alberto Manguel (en 2005) et François Bon (en 2008).
Dans un ouvrage récent consacré à Pierre Michon, assorti d’un CD regroupant divers entretiens intéressants (éditions textuel/INA), Agnès Castiglione affirme, en exagérant peut-être un tantinet, que Michon est « l’écrivain de sa génération le plus reconnu par la critique ». Or le fait est que, sans impact notable sur le grand public, si l’on excepte le recueil « culte » des Vies minuscules (disponible en poche), l’auteur de La Grande Beune, d’un mémorable Rimbaud le fils et, l’an dernier, de la merveilleuse évocation d’un tableau du Louvre inventé de toutes pièces (Les Onze, couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie française), incarne par excellence le styliste de haut vol, poète et prosateur, qu’on appelait jadis « petit maître » sans intention péjorative. Pratiquant l’érudition joyeuse et tirant mille saveurs des mots, Pierre Michon ne manquera pas d’attirer ce soir une foule choisie de lecteurs impatients de le suivre dans les rayons de sa bibliothèque.

Lausanne, BCU, Aula du Palais de Rumine, à 19h.

vendredi 9 avril 2010

Printemps des mots



Le Passe-Muraille du printemps est disponible!

Dans ce numéro 81, vous trouverez, entre autres, un inédit de Rose-Marie Pagnard ; un éventail des lettres romandes avec les critiques des nouveaux livres de Catherine Lovey, Raphaël Aubert, Pascal Rebetez et Gérard Delaloye ; mais aussi des plongées, en pleines pages, dans Jean Vuillemier, Céline et J.G. Ballard . Sans oublier notre page littérature jeunesse et une épistole envoyée du fin fond du Pacifique, d'une île où les logeuses ressemblent à des Yetis et où l'on a vraiment "tout le temps"... signée Damien Personnaz .

Retrouvez en outre, dès le 1er mai, des chroniques régulières à découvrir sur ce blog. D'ici là bon vent de printemps...